Des illusions, désillusions...

Publié le par Maman Libre

Les mots, pour débuter cet article, me manquent.

 

Pas que j'aie l'angoisse de la page blanche, ça non. C'est plutôt l'inverse.

 

J'essaie de ne pas écrire en permanence, histoire que tout ne finisse pas dans une horrible logorrhée pour les gens qui me lisent.

 

Mais là, les mots me manquent. Et à la fois, ils se précipitent, veulent envahir le clavier, m'envahissent le crâne...

 

J'ai mille débuts pour cet article, et aucun ne va. Sûrement à cause du malaise que m'inspire la situation dont je désire parler ici, dont j'ai déjà parlé ailleurs. Mais entre un forum, avec des interlocuteurs très directs, et un blog où les interlocuteurs sont moins nombreux potentiellement, moins directs aussi en contact, je trouve qu'il y a des différences.

 

Je ne parle pas de respect, car pour moi, il est de mise dans les deux cas. Mais il y a un je ne sais quoi, qui fait qu'ici, j'essaie d'exprimer de façon plus complexe, complète et à la fois aussi claire, ce que je veux dire.

 

Bref, je vais essayer de faire simple, droit au but, histoire de ne pas prendre la tête aux lecteurs autant qu'à moi.

 

Souvenez vous, il y a quelques mois, je commençais des cours d'haptonomie, avec une sage femme que je trouve formidable.

 

Qui nous a appris à communiquer avec notre bébé, à lui parler par le toucher et l'intention. Ce fut pour moi une révélation, ma précédente grossesse s'étant déroulée dans la plus totale indifférence entre mon fils et moi, sans communication, sans chercher cette osmose. Que nous n'attendions pas, et dont nous n'avions cure, l'important pour nous étant qu'il soit en bonne santé, et pour moi d'en finir enfin avec ces vomissements permanents (oui oui permanents), et cette grossesse qui dès le cinquième moi me paraissait s'étirer sur des millénaires. Et surtout, de découvrir le fruit de notre amour, que, quand même, nous avions désiré.

 

Même si ma grande fertilité ne nous avait pas permis de l'appeler de nos voeux, de l'imaginer, de l'attendre avec amour et impatience. Je ne me plains pas de cette fertilité, attention, je suis bien consciente de la chance inouïe que j'ai eue, et pour cela je suis très reconnaissante. Je me rends juste compte, a posteriori, en l'écrivant, que cela a sûrement joué un grand rôle dans mon détachement vis à vis de mon fils in utero. 

 

Mais revenons en à nos moutons. L'haptonomie. La communication, le bonheur, la sérénité.

 

Cette sage femme m'a redonné la foi de croire que la césarienne n'était pas dans mon cas une fatalité, que je pouvais accoucher par voie basse, que c'était faisable.

 

En ce sens, je pensais que cette femme sage autant que sage femme, était axée sur la physiologie de l'accouchement. Que l'haptonomie aussi.

 

Et quelle belle erreur je faisais.

 

Je m'en suis rendue compte à notre dernière séance. Qui, vu la proximité du terme, s'est axée sur le moment du travail, l'accouchement.

 

Et si l'haptonomie est une façon très sensitive de communiquer durant la grossesse, c'est exactement l'inverse durant le travail. Pour communiquer on est dans le "tout relax", l'intention, le geste instinctif. Pour ce qui est de l'accouchement, c'est le "tout contrôle"...

 

Soit l'exact inverse de la physiologie, qui est dans la gestion, certes, mais plus animale, plus primale, plus instinctive, sans directive ni tentative de contrôle psychologique.

 

Et ce fut ma première surprise et ma première déception de la séance, car j'avais bien précisé que je désire accoucher de façon physiologique et non pas être constamment ramenée à la douleur par mon cerveau logique en tentant de tout contrôler. Et je sais que ce n'est pas un simple oubli de sa part.

 

Pour la seconde déception, allons chercher du côté de l'apprentissage de la poussée... Là je n'ai pas appris grand chose, parce que la poussée dirigée ne nécessite pas d'apprentissage, quoi qu'on en dise. Ou alors il faudra que l'on m'explique en quoi "pousser comme si on allait à la selle" (faire caca quoi), doit être appris à une femme a priori adulte ou suffisamment mature pour savoir déféquer seule sans qu'on lui dise comment faire.

 

J'ai de plus été déçue en sus, par le fait que malgré mes explications sur la mobilité durant le travail, les poussées réflexes que je désire attendre, et la dangerosité d'une péridurale quand on a un utérus cicatriciel, et que donc je n'en voulais pas pour pouvoir prévenir en cas de douleur anormale... Que je voulais accoucher en position libre, même pour l'expulsion et la délivrance, et que je ne voulais de monitoring que pour bébé et de façon ponctuelle et non permanente...

 

Voici ce que j'ai "appris" : pousser comme si je chiais, en position poulet de bresse (ou position gynécologique si vous préférez, sur le dos pieds dans les étriers) la pire position pour ce qui est de la douleur ET qui bloque le bassin à ses diamètres les plus étroits et dans laquelle tout le poids du ventre et du bébé viennent écraser les viscères et autres organes, où on ne peut pas respirer.

 

Voici ce que j'ai entendu les trois fois que j'ai répété mon projet d'accouchement physiologique, libre de mouvement et sans péridurale : "Oh mais tu sais, si elle arrive à sortir par en bas, on va pas en demander trop. Faut pas que tu te braques les soignants. Mais c'est bien la péridurale et puis maintenant dans ta mater, ils font la péri dosée par toi même."...

 

Voici ce que j'en ai compris : "Tu es un utérus cicatricel sur pattes, obéis, c'est déjà bien qu'on te laisse essayer, tu vas pas faire ton exigeante en plus. Et prends la, la péri, histoire de pas emmerder le monde à vouloir être mobile. Laisse toi faire, sois compliante, peu importe ce que tu veux, ce qui est réellement bon pour toi et ta fille."

 

En gros : "Te plains pas et ne parle pas de tes droits, fais comme on t'ordonne."

 

Vous vous souvenez, quand je parlais de ma première séance, j'avais dit que j'y allais comme si j'allais dresser mon enfant à naître par voie basse, pour moi.  Et qu'au final j'avais appris à communiquer, que j'avais appris des choses utiles pour mener mon accouchement à bien et sereinement, confiante.

 

Et bien ce coup là, malgré le fait que je sois informée, que je SACHE pertinemment que l'accouchement physio est ce qu'il y a de mieux pour moi mais aussi et surtout pour ma fille, notre meilleure chance de vivre une belle naissance, respectueuse... Je suis sortie en me disant qu'on essayait de me dresser, moi. De me faire taire, de me rendre obéissante, compliante, de m'infantiliser et me faire croire que je ne savais rien.

 

De l'haptonomie, si je devais avoir un troisième enfant, je n'en ferais plus. J'ai appris les méthodes nécessaires à la communication avec le bébé. Et pour ça, je n'ai pas besoin de reprendre des cours. Pour le reste, je préfère essayer de l'oublier, mais grande est la déception. De n'avoir été ni comprise, ni entendue, et que surtout on ait eu la volonté de me plier sans considérer un instant que c'était tout l'inverse que j'étais venue chercher.

 

Au final, je ne pourrai compter que sur l'aide de mon homme, qui devra me préserver, me protéger, pour que l'on nous respecte et que tout se passe au mieux. Mais je ne suis plus aussi admirative de cette personne qui m'avait pourtant redonné confiance, parce que cette confiance, elle l'a balayée de quelques mots formatés sans même tendre l'oreille pour écouter mon refus de ce formatage.

 

Ma sage femme je l'aime bien, mais je ne suis plus sûre d'avoir envie de la revoir ensuite. Peut être en changer, on verra.

Publié dans Maternité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article