Une autre histoire...

Publié le par Maman Libre

Je sais que j'ai parlé, en long, en large et en travers de ma première césarienne, du traumatisme qu'elle a représenté, et un peu de ma nouvelle grossesse.

 

Je sais que j'ai beaucoup dit que je voulais absolument tenter la voie basse pour ma fille, pour ne pas recommencer le même schéma.

 

Je sais que le gyné qui suivait mes grossesses n'était pas chaud au départ, pour finir par me laisser tenter le coup, sans programmer, jusqu'au terme, à ma grande surprise.

 

Tout ça je sais.

 

Et puis, le 15 septembre de cette année, au jour pile de ma DPA (date prévue d'accouchement), ma fille a décidé d'arriver. Nous avions prévu une césarienne pour le lundi suivant, car après tout, j'étais allée à terme, j'avais essayé, nous lui avions laissé une belle chance d'arriver par elle même.

 

Et elle a décidé. Je me suis réveillée ce samedi là sur de grosses contractions. Mais au début, je n'y ai pas fait attention plus que ça, pensant surtout que ma vessie était pleine et que, comme chaque matin, j'avais des contractions rendues douloureuses par mon besoin d'uriner. Top glamour, oui.

 

J'ai filé, la tronche dans le pâté, effectuer une vidange, et de même me recoucher, trop envie d'une grasse matinée. Mais, comme je somnolais pour sombrer doucement, régulièrement, toutes les huit minutes, des contractions douloureuses m'empêchaient de me rendormir tout à fait. Mouais, bof, je préférais ronquer, moi, et puis ces contractions, j'en avais depuis le cinquième mois, parfois douloureuses et régulières et d'autres fois, juste très fortes.

 

Seulement une heure après, douleur de plus en plus forte et contractions toutes les deux minutes. - Je dois être abonnée aux débuts de travail à l'arrache, hein, deux fois qu'on passe de huit à deux minutes d'intervalle régulier en moins d'une heure - . Je me lève, vais prendre une douche chaude, en me disant que ça va passer. Mais que dalle oui. La douleur augmente et me fait trembler et gémir. Joie.

 

J'appelle mon chéri, je lui dis que je pense que c'est parti, et qu'il se lève et se douche vite fait. Me brosse les dents, en essayant d'éviter de m'étouffer avec mon dentifrice. Et je fais... ah non chéri fait ma trousse de toilette et achève la préparation de ma valise, sous ma supervision et mes cris. Ben quoi ? Ok, je peux faire plein de choses en même temps, mais accoucher et faire plus que superviser, je sais pas.

 

Bref, on prend la route pour la maternité, mais je me mets à râler, on avait des millions de choses à faire et en plus chéri travaille, c'est le week end, j'ai pas que ça à faire moi ! Et là, état de grâce, pendant dix minutes, arrêt des contractions. Fausse alerte ? Ah ben non, fausse fausse alerte, ça repart de plus belle. Je douille. Mais bon je me mets à gémir/chanter pour gérer, ça me va bien, sauf que chéri se déconfit à chaque contraction.

 

J'hallucine, c'est moi qui gère et lui qui panique. Entre deux, je lui dis de respirer, c'est bon, je suis pas à l'agonie, j'accouche et si je gueule c'est que ça me fait du bien, la douleur est super gérable. "Mais vu comment tu cries, tu dois souffrir à mort non ?" Ben non. Chéri, on appelle ça accoucher, je peux pas te gérer et gérer mes contractions en même temps hein...

 

Arrivés à la maternité, on passe au monitoring. Sur le dos forcément. Curieusement, je gère malgré cette position, qui m'avait presque tuée pour mon fils. Ouais, les contractions dans les reins et la position sur le dos font très mauvais ménage. Bref, je vais bien, je "chante la traviatta" comme dit une sf à sa collègue de salle de naissance, au téléphone. La césarienne était prévue lundi, dommage, mon gyné va encore louper la naissance après avoir suivi ma grossesse. Le pauvre, j'ai un peu de peine pour lui, je l'apprécie, car il est plutôt cool et pas spécialement adepte du tout protocole.

Enfin, la gyné de garde est sa remplaçante, une femme adorable, pleine d'empathie et très à l'écoute et respectueuse, m'a t il dit. Donc je me sens en confiance, même si la sf qui m'a monitorée n'est pas super sympa, mais bon, je ne l'apprécie pas outre mesure, je me rappelle d'elle durant mon précédent séjour. Pas méchante, mais très froide et vaguement méprisante. Pas grave, je vais bien, je gère, même si ma façon lui plait moyen, elle considère que j'ai le droit de gueuler tant que je veux.

 

Et d'un coup, en un regard avec chéri, à son retour pour voir comment je veux gérer, on a décidé de tout de même demander la césarienne. Ok, il n'y avait pas d'indication, et personne ne semblait pressé de m'ouvrir le ventre, comme cela arrive à de nombreuses femmes déjà césarisées, ailleurs, partout en France. Mais moi, chéri, on a envie que ça soit une césarienne. Peut être pour exorciser l'horreur et la peur vécues à la première ? Peut être. Je n'ai pourtant pas peur de la voie basse, mais je n'en ai pas spécialement envie non plus. Alors que j'ai passé du temps à me battre pour qu'on me reconnaisse ce droit à accoucher naturellement.

 

Mais soyons clairs, à aucun moment je n'ai eu peur. J'étais dans ma bulle, je gérais, le travail avançait bien, régulièrement. Mais j'ai eu envie. Envie d'une naissance dont je savais qu'elle se passerait très bien, que ce serait un moment magique. Et je savais que je serais entourée d'une équipe respectueuse, à l'écoute de mes désirs, besoins, émotions, de ceux de mon chéri.

 

Si j'avais du avoir peur, j'aurais eu peur de la césarienne. J'ai tellement souffert psychologiquement et physiquement la première fois, je ne pensais jamais m'en remettre. Alors, si j'avais du avoir peur, ç'aurait été de cela, et non pas de la voie basse.

 

Et nous avons, en effet vécu un moment magique. Après vérification que ma fille n'était pas déjà sur le périnée, car le travail s'était enclenché de façon fulgurante et accéléré en très peu de temps, j'ai pu être préparée pour aller au bloc. Première demande entendue et acceptée. La sf m'a accordé de n'être sondée (mmmmmmmh chouette top glamour une sonde urinaire avec sa super poche à pipi, l'accessoire in du moment) qu'après que l'anesthésie ait été posée et jugée efficace. Deuxième demande satisfaite. Le papa a pu être présent au bloc, et notre fille a été posée sur moi pendant plusieurs minutes après sa sortie. Encore une demande satisfaite. Après cela, le papa a suivi notre fille en salle de naissance pour les premiers soins et la pesée... Et le peau à peau a été proposé, encore une demande satisfaite, et même anticipée. Je suis sortie de la salle de surveillance après seulement 45 minutes pour rejoindre mes amours, et faire du peau à peau et la tétée d'accueil, encore une de satisfaite et anticipée...

 

Mais ce que je retiens surtout... Lorsque ma fille a été sortie de mon ventre, grâce à l'équipe (et à moi aussi), elle a crié. Elle a crié. J'ai entendu son premier cri. Je ne l'avais pas entendu pour mon fils. Et j'ai eu du mal à nouer des liens avec lui, j'ai mis du temps. Pas elle. Dès son cri, ça a été animal et instinctif. Fusionnel.

Je sais que des gens viendront dire que ce n'est pas normal, que je devrais les aimer pareil. Je les aime autant, mais différemment. Et si, c'est normal. Pas le même vécu, pas la même grossesse, ni le même accouchement, ni le même démarrage. Pas le même enfant non plus.

 

Qu'on s'entende bien, mon fils, autant que ma fille, c'est ma vie, ma chair, mon coeur... Je donnerais tout pour eux. J'ai juste une relation différente avec chacun, c'est tout. Avec mon fils c'est un amour plus tranquille, qui s'est tissé doucement, au fil des semaines et des mois et s'est renforcé jusqu'à devenir très puissant. Néanmoins il reste un petit d'homme très indépendant, très décidé, et même s'il est super câlin, ça lui a pris du temps de me câliner moi, et il sait que dès qu'il a envie, il a des câlins, donc n'a pas besoin d'être collé à moi ni à son père ou nos famille. Avec ma fille, ça a été viscéral dès le début, et dès le début, elle n'a pas le même caractère que son frère. Autant lui était indépendant et se foutait pas mal de qui le berçait, le nourrissait, le changeait, autant elle est un pot de glu qui refuse de me lâcher et est à peine rassurée avec son père ou nos proches. Et je sens qu'elle va rester demandeuse très longtemps.

 

Et j'aime chacun de leurs traits de caractère à tous deux. Je les aime différemment, et indépendamment de notre lien de filiation, pour des raisons bien différentes. Je n'accorde pas moins de valeur à un amour qu'à l'autre, comme je n'accorde pas moins de valeur à l'amour amical (amitié) qu'à l'amour familial, ou à l'amour en couple. L'amour a différentes façons, toutes aussi valables.

 

Et je me rends compte que je pars d'un point A pour arriver à Z avec des transitions foireuses, mais vous m'excuserez, je n'ai pas écrit depuis un moment, et j'ai tellement à raconter, et tellement de choses qui se bousculent... C'est un peu tempête sous un crâne en ce moment. Et peu de temps pour écrire tout ça...

 

Une chose est sûre, je n'ai aucun regret.

Publié dans Vie de famille

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L
<br /> Mignon et peu commun !<br /> <br /> <br /> Pas encore d'enfants, on va s'y mettre dans pas longtemps.<br />
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L
<br /> félicitations !<br /> <br /> <br /> Question indiscrète, mais comment s'apelle ta puce ? (je suis folle de prénoms)<br />
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M
<br /> <br /> Merci à toi ;) Ma fille s'appelle Willow ^^ Question indiscrète de ma part : tu as des enfants ? Et si oui, quels sont leurs prénoms ?<br /> <br /> <br /> <br />