Ras le bol

Publié le par Maman Libre

Il y a des jours où, franchement, j'enverrais chier la plupart des gens que je connais.

 

Comme aujourd'hui.

 

Ma petite puce, née il y a juste deux mois, souffre le martyre. Elle a ce que l'on appelle un reflux gastro oesophagien, ou plus communément RGO.


Avant la survenue de ce problème il y a environ un mois et demi, elle allait bien, moi aussi, nous récupérions doucement de la naissance, une vie normale, avec son grand frère et son papa.


Et puis est arrivé le RGO. Oh, pas en un jour, non. Sournois, perfide, cette petite saleté a commencé à se manifester par des épisodes de tétées groupées, entre lesquels ma puce hurlait. Bêtement, je les attribuais à des "pics de croissance" un peu longs sur les bords. Puis sont arrivés des reflux plus visibles, sans vomissement : elle avait une remontée, ravalait, avait une remontée ravalait. Elle a commencé ensuite, à "faire le lézard" : sa langue entrait et sortait de sa bouche sans arrêt, pendant des heures d'affilée. Et enfin, tous les autres symptômes se sont installés, d'un coup : crises de hurlements, rots, refus de tétées, refus de dormir ailleurs que dans les bras ou l'écharpe.


Alors ses jours sont devenus difficiles, et les soirées des calvaires de souffrance et de hurlements. Parfois cela se calme une journée, et puis rebelote. Le pédiatre a paru vaguement intéressé et n'a pas cherché plus loin, il a prescrit un médicament, puis un autre... Avec pour effet une douleur décuplée et une constipation monstre en supplément.


Donc, depuis, je cherche des solutions pour la soulager. Des heures de berçage vertical et de marche avec elle en écharpe, à m'en déclencher une sciatique, me démonter le bassin et les épaules, à vivre sur des crampes quasi permanentes. Des positions de tétées différentes pour que le lait arrive plus lentement dans son estomac et se digère au fur et à mesure. J'ai pris rendez vous chez une ostéopathe, je cherche un homéopathe.


En attendant, je l'avoue, je suis fatiguée, épuisée, pétrie de douleurs. C'est quand même la seconde césarienne, et j'ai déjà un petit en très bas âge qui a besoin de moi, et elle très en demande, parce que juste née et pleine de douleur aussi.


Alors je râle, et tout ce qui va de traviolle me gonfle modèle maxi géant, forcément. J'ai un compte Facebook, pour ma famille et les amis que je considère proches, sur lequel j'exprime mes frustrations, mes soucis, mes espoirs, mes bonheurs. Je ne peux pas dire que je manque de bonheurs. De fric oui sûrement, mais pas de bonheurs. Seulement la souffrance de ma fille fait qu'en ce moment, ce sont les mauvaises choses, les soucis, que j'ai envie et BESOIN d'extérioriser, les doutes.


Étant toujours là quand mes proches en ont besoin, ou au pire, ayant la décence de me taire quand je ne trouve rien à dire qui puisse les aider, je m'attends à la même attitude. Le respect.


Qu'on me comprenne bien, je n'attends pas que l'on m'encense, ou que personne de temps à autre ne se permette de me "secouer", pour m'aider à remonter la pente.


Mais j'attends tout de même du respect. De mes choix, de ma liberté à m'exprimer, de ma souffrance pour ma fille, de mes craintes, de mes pratiques éducatives, de mon amour pour mes deux enfants, de moi et ma façon de gérer ma famille, simplement.


Certains ont compris cela, et quand ça va ils se réjouissent, pour mieux m'épauler et être présents quand ça ne va pas. D'autres en revanche, en privé, en public, dans mon dos, passent leur temps à me rabaisser, me critiquer, me juger.


Ces gens se considèrent comme des parangons de vertu, d'efficacité et de dévouement. Balaient mes problèmes qui devraient s'incliner devant les leurs, balaient mes doutes qui devraient s'incliner face à leur perfection. Je devrais fermer ma gueule, en somme, parce que si ces gens sont parfaits, c'est la moindre des choses que de me taire, de comprimer mes doutes, mes peurs, mes douleurs. Afin de ne pas porter atteinte à leur perfection absolue et incontestable.


Si peu que je me rebiffe et défende mon point de vue et mes choix, je passe pour la méchante moralisatrice de service. Alors que je ne remets pas les choix de ces gens là en question. Pourtant, j'ai bien envie de dire que justement, il y en aurait à dire, dernièrement. Après tout, l'on me juge sans se gêner, pourquoi n'en ferais-je pas autant ? Par respect. Si certaines personnes autour de moi ont oublié le sens de ce mot, moi, pas encore.


Alors je ne suis pas parfaite, je n'aurais jamais le culot de me considérer comme telle. Néanmoins, je suis respectueuse.


Et il me semble qu'avant d'atteindre la perfection, il faudrait être soi même respectueux.


Parce que j'ai beau l'être, je ne vais pas rester polie très longtemps. Parce qu'au bout d'un moment, à force de mettre la pression, le barrage explose et c'est l'inondation, incontrôlable, destructrice. La nature finit par reprendre ses droits.


Que donc, les gens se mettent bien en tête que le parcours et les choix des uns ne sont pas plus valables ni glorieux que ceux des autres. Qu'au lieu de se regarder sans cesse le nombril, on ferait bien de découvrir qu'il y a le monde autour, les gens qui nous entourent et sont aussi des êtres sensibles et méritant notre respect, au minimum.

Publié dans Humanité

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