Les hommes aussi...

Publié le par Maman Libre

On parle souvent, sur le net, ou en privé, du fameux, très fameux SNU (syndrome du neurone unique). Qui paraît il, atteint seulement les femmes enceintes et jeunes mères.

 

Sûrement une question d'hormones, pensez vous. Le cerveau féminin qui transfère toute son attention sur le marmot à venir ou qui est déjà là, et n'a par conséquent, plus de place pour le reste. Mouaip... Ou pas, vous réponds je.

 

D'une part il est important de comprendre l'origine réelle de ce phénomène, et d'autre part, que non, ça n'atteint pas que les femmes. Parité oblige. Si si, j'insiste bien là dessus.

 

Si, depuis la grossesse de mon fils, j'ai des absences, des oublis, c'était un phénomène assez limité, à l'époque. Avec cette seconde grossesse, non seulement je multiplie absences et oublis, mais en plus se sont greffés d'autres trucs assez sympathiques, vous en conviendrez.

 

Ainsi, si je n'ai pas un français parfait, car c'est une langue complexe et que peu de gens maîtrisent réellement (que ce soit oralement, ou pire, à l'écrit, d'ailleurs), je peux habituellement me targuer d'être plutôt très calée en la matière, et de ne faire que très rarement des fautes, même en argot. Quand je dis très rarement, ça veut clairement dire "tous les trente six du mois", pour être précise. Ma seule dérogation, vous l'aurez remarqué, c'est de ne pas noter les traits d'union. Mais ça, c'est un petit plaisir personnel, et parfaitement conscient. Je n'aime pas le trait d'union, donc je le laisse de côté.

 

Or, il semblerait que cette grossesse ci, en plus de me paraître longue comme un jour sans pain, et d'être plutôt douloureuse au niveau osseux, me fasse perdre mon sens quasi inné de la linguistique (bon, ok, merci maman aussi, qui fut derrière moi en ce domaine dès mon plus jeune âge, afin de me pousser à aller toujours plus loin). Et pour moi c'est dramatique. Parce que je ne m'en rends pas compte, ou presque. Ce sont mes amies qui me le font remarquer, quasi systématiquement. La honte, la loose ! Moi qui autrefois corrigeais les autres, je me fais corriger. (Bon, ok, aussi, je préfère qu'on me corrige plutôt que de ne rien dire, au moins, ça a le mérite de tirer la sonnette d'alarme là dessus)

 

Et cela, ce n'est qu'un des nombreux symptômes du célèbre syndrome. Pertes de mémoire, lenteurs, incompréhensions chroniques en conversations, rangement farfelu... Bref, la grossesse m'aurait ramenée au rang de décérébré. Et encore.

 

Seulement, il faut bien comprendre que, si les hormones peuvent en effet jouer un rôle, elles sont loin d'être seules responsables de cet état de fait qui touche autant les hommes que les femmes, et de tous âges et conditions.

 

Ainsi, dans la liste non exhaustive des causes de l'activation de ce syndrome, je pointerais personnellement celles ci :

 

- la trop grande tentation d'un canapé/télé facile, face à un plus intellectuel livre dont il faut tourner les pages et lire des lignes, fatiguant.

- pour ceux qui ont des marmots, des animaux, voire les deux, la multiplication des tâches quotidiennes

- pour les mêmes, le fait de devoir penser à leur bien être, leur sécurité, leur nourriture, leurs soins, avant de penser une seconde à soi

- des emplois de plus en plus fatiguants et de moins en moins gratifiants (financièrement ou psychologiquement), voire pas d'emploi, donc de grosses prises de tête en perspective avec les factures, le banquier, le propriétaire, et les frais annexes (et je ne parle même pas de sorties mais juste de manger correctement, là)

- des sorties raréfiées et parfois même supprimées, pour cause de budget, et pourtant c'est nécessaire de pouvoir se sortir du quotidien train train pour pouvoir mieux y repartir

- une fatigue grandissante et chronique liée à tous les facteurs précédents. Pour certains on peut aller jusqu'à parler d'épuisement (tant psychologique que physique, par ailleurs)

- des proches peu compréhensifs, voire critiques de façon injustifiée et peu franche en général

 

Et encore j'en passe.

 

Après lecture de cette liste, vous comprendrez que le SNU frappe bien entendu les femmes enceintes et jeunes mères, mais aussi et sans distinction, potentiellement tout être humain, homme ou femme ou autre, peu importe le milieu social, l'argent, l'emploi, la santé...

 

J'en connais des mecs, qui croiront que c'est question d'hormones et pis c'est tout. Pourtant  ces mêmes mecs en sont atteints, tout comme le mien. Qu'ils l'admettent ou non.

 

Ainsi, avançant en âge, en fatigue professionnelle ou problèmes de santé, la paternité aidant... Monsieur oublie de ranger la bouteille qu'il entame au frais, de finir sa bière et en ouvre une autre, de nourrir le chien, qu'il a rdv quelque part et s'en souvient le lendemain, de sortir les poêles vide du feu et éteindre ledit feu, que le film qu'il propose, on l'a regardé hier ou la semaine avant ou que non on ne le revoit pas, vu que la première fois qu'il l'a vu, c'était pas avec moi... Entre autres...

 

Tout ceci, je l'avoue, me fait énormément rire. Parce que, pour ma part, je considère que ce n'est pas grave, que la vie ne se résume pas à ça.

 

Alors, quand je vois des couples/familles se déchirer autour d'une lunette des toilettes rabattue ou pas, d'un oubli de poster une lettre (même importante), des courgettes restées bien sagement dans leur rayon, du "hé mais c'était avec ton ex que t'as vu ce film, c'est grave de me confondre encore avec cette greluche/ce connard", d'un dentifrice mal ou pas rebouché, de l'homosexualité d'un enfant, de son envie de faire un boulot différent... Moi, je suis perplexe. Il y a pire dans la vie non ? Et plus important aussi, vous ne pensez pas ?

 

Le bonheur se résume t il à vivre avec un parfait petit robot ? Pour ma part, je pense que tous ces petits soucis sont très éloignés de ce qui est essentiel et important pour qu'une relation fonctionne, tellement mesquins et petits, que ça ne devrait même pas atteindre ladite relation. On aime quelqu'un pour ce qu'il est, pas pour l'image parfaite qu'on aimerait qu'il soit. Sinon, c'est que soi même, on a un grave problème et il est important à ce stade de consulter et effectuer une énorme remise en question de sa vision des choses et de ses tabous.

Publié dans Humanité

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