Vilain !!!

Publié le par Maman Libre

Avant d'être maman, j'avais des principes éducatifs, mais ça c'était avant.

Oui, comme beaucoup de mères, j'avais des principes avant même d'avoir le bébé dans le ventre, à plus forte raison, dans les bras.

Et puis je suis tombée enceinte pour la première fois. Et dès les premières semaines, j'ai commencé à changer petit à petit de point de vue.

 

Parce que les principes, c'est super bien, mais les miens, je commençais à trouver que ça faisait dressage quand même.

 

Extrait ? Extrait : chacun son lit, chacun sa pièce à dormir/surtout pas à bras sauf pour l'endormir (bah quoi, faut pas qu'il s'habitue hein après c'est caprices sur caprices)/repas à heures fixes/siestes à heures fixes... Etc, et tout cela bien entendu sans tenir compte que chaque enfant est unique et que pour laisser hurler son bébé pendant des heures seul dans sa chambre parce qu'on avait décidé que là, fallait qu'il dorme qu'il le veuille ou non, faut être inhumain.

 

Moi qui ne voulais pas, surtout pas, j'ai allaité, cododoté, pris mon fils contre moi tant et plus, materné, pas repris le boulot... Si Badinter m'avait vue, elle aurait perdu tous ses cheveux. Parce que selon les principe de la dame en question, j'étais et suis esclave de mon fils, de mon mec, soumise à une société machiste. Sauf que non. Tout cela a été un choix conscient, personnel, et que personne ne m'a imposé, ni mon fils, ni mon mec, ni quelque homme ou cliché que ce soit.

 

Mais il y a pire. Ou mieux. Avant, je disais aussi "oh ça va une fessée/tape sur la main, ça n'a jamais tué personne et faut leur apprendre tôt à obéir sinon c'est le waï partout, on est à leur service, et puis les enfants rois et tout ça tout ça"... Mais ça, c'était avant aussi. Et oui, depuis j'ai appris. Que tous ces parents qui pratiquent l'ENV (éducation non violente), ne sont pas des néo baba cool qui vont tous finir chez Super Nanny et consorts à pleurer leur mère. Et ben oui, ces gens là ont raison, c'est dingue non ? (là revoyez vous Isabelle Nanty dans Les Visiteurs)

 

J'ai appris que déjà, si une fessée ou une tape n'est pas physiquement mortelle, psychologiquement, ça laisse des traces autant pour l'enfant, que pour le parent qui l'inflige. C'est un constat d'échec. J'ai aussi appris qu'avant trois ans, taper ne sert à rien qu'à traumatiser à plus ou moins grand niveau son enfant, parce qu'avant cet âge, un bébé n'a pas les connexions neuronales qui lui permettent d'intégrer l'inhibition, à savoir non=je ne dois pas faire cela et je m'en rappelle. Un peu comme un poisson rouge, tu pourras lui dire non dix fois et les dix fois il recommencera, le plus souvent en te regardant d'un air rigolard, parce que c'est un super jeu. Il comprend le non, mais pas ce que ça implique derrière, son cerveau n'est pas encore terminé, et ça prend du temps, de la patience, de la répétition.

 

Donc, je pratique aussi l'ENV, en plus de materner... Me voilà foutue. Damn !

 

Et je m'apprête à recommencer ! Folle inconsciente lobotomisée que je suis !

 

En réalité, si je vous dis tout ça, c'est que je me suis aperçue qu'avant même sa conception, sa naissance, le moindre début d'évolution, l'enfant est diabolisé. Quand il naît, il est souvent puni d'avance afin de "lui apprendre qu'on n'est pas son esclave". Et cela continue tout au long de sa petite enfance, de son enfance.

L'enfant est un démon à mater. Si si. Écoutez bien les discours autour de vous, si vous êtes enceinte, ou qu'une personne de votre connaissance l'est : le plus souvent ce sera "surtout, le prends pas à bras tout le temps, c'est bon pour en faire un capricieux", "un bébé doit apprendre dès le départ que tu n'es pas son esclave", "laisse le pleurer, sinon, il va savoir que tu cèdes et recommencer tout le temps", "tu dois lui imposer des heures, des rituels, sinon t'as pas fini"... et autres joyeusetés sympathiques.

 

Comme si, avant même d'avoir vécu, il était présumé coupable.

 

Et je trouve cet a priori gravissime. On parle d'un bébé qui après neuf mois en contact permanent avec sa mère, se retrouve au monde. Monde qui voudrait le priver de sa mère, comme ça, brutalement, parce que "faut les éduquer direct, sinon c'est le waï, c'est des capricieux". Avant même qu'il ait poussé son premier cri, exprimé le premier besoin.

 

Alors, et bien, c'est simple, n'écoutez pas ces gens, qui comme moi avant, vous disent qu'il faut les dresser. Les caprices, ça ne commence pas avant longtemps (minimum 24 mois), alors si vous voulez materner votre bébé, ne vous privez pas. Si pour vous, les horaires de repas, c'est quand il a faim et pas quand on a envie d'avoir la paix, foncez. Il n'aime pas les fringues et se trouve mieux en pyj ou body ? laissez faire, pas la peine de vous prendre la tête, il n'est ni mannequin de mode, ni poupée.

 

En fait, je pense, tout simplement, que c'est une question de feeling. Les bouquins, les discours de l'entourage proche ou pas, tout ça c'est bien mignon, mais ce n'est pas vous, car chaque couple parent/enfant est différent et fonctionne de façon unique. Et ce qui marche pour les uns, ne fait pas pareil pour d'autres.

 

Si vraiment, vous en ressentez le besoin, demandez conseil, mais n'acceptez pas qu'on vous impose ses vues. Et même si vous avez demandé, si la réponse ne vous convient pas, alors n'appliquez pas, tout bêtement.

 

On m'a souvent dit que mon fils serait capricieux, horrible, chiant. Et à seize mois, toujours pas de caprice à l'horizon, et c'est un enfant équilibré, plein de vie et qui ose s'exprimer, qui ne passe pas dans des situations banales (couche, coucher, repas) en pleurant et stressant de crainte de la tape qui risque de tomber s'il refuse. Parce que chez moi, il n'y a jamais eu de tape, ni de cris. Nous vivons à notre propre rythme sans nous prendre la tête. Et je constate que je suis aussi (mon homme également), un parent bien plus détendu, plus heureux, plus complice avec mon bébé que nombre qui matent leur enfant dès le plus jeune âge. Le stress et les cris s'engendrent l'un l'autre, et l'ambiance est à l'avenant de ce que vous faites avec votre enfant.

 

Bien sûr, il y aura toujours des cas particuliers, mais, globalement, le maternage et l'ENV sont ce qu'il y a de plus sain pour les enfants et les parents. Avant de le considérer coupable, laissons le grandir. Des bêtises, ils en feront bien assez tôt, et je me dis qu'il est préférable de rester cool en attendant, car c'est à ce moment là qu'il faudra savoir réagir de la meilleure façon, et plus vous aurez été tendu et dans une optique de dressage en amont, plus vous aurez du mal à éviter la violence, verbale comme physique. Engrenage.

Publié dans Vie de famille

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