Contraints et forcés...

Publié le par Maman Libre

C'est en mettant un commentaire sur un blog très sympa découvert récemment (je mettrai une liste de mes blogs favoris bientôt, mais là, je débute, alors doucement, voulez-vous), que je me suis rappelée des mots qui m'ont choquée, pour ne pas dire scandalisée.

 

Ces mots ont été prononcés pour la première fois, par la première pédiatre que j'avais choisie.

 

Est-ce à dire que cette pédiatre se nommant pompeusement homéopathe n'a j'amais en trois rendez-vous, eu la cohérence de nous parler d'homéopathie ? Mais tout au contraire nous a blindé une ordonnance de vitamines, Doliprane, compléments divers et variés ?

 

Bref, là n'est pas la question, mais pourquoi pas dans un prochain article.

 

Ces mots, péremptoires, tels une guillotine de savoir étalé (trop sans doute), furent les suivants, lors même que mon fils réclamait sa tétée et ne voulait pas se laisser manipuler par la dame :

 

- Ah, il n'aime pas être contraint cet enfant. Va falloir commencer à le contraindre !

- Comment ça ? demandé-je, inquiète, et surtout passablement choquée

- Déjà l'allaitement à la demande, ok, mais avant tout à la demande de la mère ! Puis bon, il n'aime pas qu'on le manipule, il va falloir le forcer un peu !

 

Sur le coup, plutôt scotchée qu'on puisse vouloir contraindre un bébé allaité dans des horaires, puis contraindre tout court un bébé d'un mois, à peine, je n'ai pas moufté...

 

31€ merci au revoir.

 

Est-ce à dire également que cette pseudo spécialiste des enfants n'a jamais plus revu mon bout de cul, ni la couleur de mon chéquier ? De toutes façons, dès qu'il la voyait il hurlait, alors.

 

Puis, plus récemment, mon médecin généraliste, à qui j'amenais mon fils, huit mois au compteur à présent, pour une petite toux, sûrement dûe aux dents (surproduction de salive, avalage de travers, tout ça), mais on ne sait jamais, la bronchiolite est une petite vicelarde qui sait bien se cacher.

 

Ce monsieur donc, sans gouzi gouzi chatouillis de rigueur, sans adresser la parole à mon fils ni le regarder dans les yeux, me le fait déshabiller. Puis lui fout le stéthoscope glacé, sans même le réchauffer un peu au préalable, PAF, comme ça en plein thorax... Réaction directe, cris de protestation et pleurs de mon bonhomme... Monsieur continue en le maintenant de force immobile, re cris, re pleurs. Et là, la sentence tombe...

 

- Rien sur les bronches, par contre il n'aime pas être contraint ce petit, il va falloir vous y mettre sinon ça va être dur ensuite.

- Euh, docteur, pourquoi je le contraindrais ? Moi je veux qu'il m'aime, pas qu'il me craigne. C'est ça que vous apprenez à vos enfants, obéir par la contrainte, par crainte ?

 

Silence gêné, 23€, merci au revoir. Adieu aussi au généraliste.

 

Et, quand même, pour la deuxième fois en moins d'un an, j'ai droit à cette guillotine, alors je réfléchis.

 

Pourquoi, pour quelle raison je contraindrais mon fils ? D'abord c'est un ange (ok un peu moins quand il fait ses dents, mais ça c'est tous les enfants), ensuite, je ne vois pas bien quel bénéfice je retirerais d'une telle relation avec mon enfant.

 

Lui et moi on s'entend bien. Hormis au moment de l'habillement, parce qu'il déteste ça, mais à ce moment là, alors je joue avec lui, on y va doucement, avec force câlins, bisous et mamours. Et tout se passe tranquillement. J'ai choisi des vêtements faciles à enfiler et retirer, pour justement le contraindre le moins possible.

 

Quand il veut des câlins, il en a, quand il veut qu'on joue on joue, quand il veut de l'attention on papote, on se balade ensemble, lui dans mes bras pour que je lui explique ce qu'il découvre. Il mange à ses heures, dort à ses heures. On sort selon ses heures aussi, et s'il en a marre d'être dehors on rentre.

 

Et tout se passe à merveille, j'ai un bébé calme, souriant, communiquant, et à la fois très énergique, tonique, joueur, rieur.

 

D'un autre côté, régulièrement, un ami vient avec sa petite d'un an. Il la récupère de la crèche ou de chez sa mamie, après son boulot, et vient nous voir.

 

Et bien entendu, la petite, qui n'a vu ni père, ni mère de la journée, tous deux travaillant, (et la maman ayant mis la petite au monde pour garder le papa, donc la lui laissant en permanence sur les bras) elle a envie de profiter du peu de temps entre 18 et 21h où elle peut voir son papa. Demande des câlins, des bisous, de l'attention... Quoi de plus normal ?

 

Pendant des mois j'ai rongé mon frein et fait la nounou... Subi les cris de monsieur quand il ne supportait pas les demandes de sa fille ou refusait d'y répondre, vu moultes fois les doigts s'abattre en claquant sur la petite main, entendu les pleurs désespérés de la petiote pendant que lui fumait tranquille au balcon. Essayé de compatir avec lui, qui assume seul cette petite, et est sûrement très fatigué de sa journée.

 

Oui je compatis, mais à un moment, ça ne pouvait plus durer. Je voyais bien que cette "éducation" (mais si petits peut on parler d'éducation ?) par la contrainte, la peur, ne menait nulle part. Une petite toujours en demande et stressée, et un papa stressé et allant de plus en plus loin dans la contrainte (les tapes sur les doigts, sont arrivées en dernier pallier à cette escalade de contrainte).

 

Alors un jour j'ai dit, en le regardant droit dans les yeux, de mon ton le plus doux, sans perdre patience "C'est normal, elle voit très peu son papa, elle a envie d'en profiter, elle te demande juste de l'attention". Sur le coup, il s'est défendu, mollement.

 

Puis les visites restant aussi fréquentes, j'ai vu qu'il n'était pas vexé, pas vraiment. On en parlait au détour d'une phrase, ou quand la miss venait le voir après avoir joué un peu. Il sait bien que je compatis, mais aussi qu'il a choisi de faire cette petite. Il l'aime plus que tout. Il ne lève presque plus la voix, il s'en veut. Il est plus présent, plus calme, plus doux, plus attentif. La petite est plus détendue, moins en stress et en demande. Maintenant, quand elle demande, il est là.

 

Tout ça pour dire que non, je n'ai pas opéré un miracle. La décision de stopper les cris et les contraintes, c'est lui qui l'a prise. Et pour le mieux. Tandis que tant qu'a duré la contrainte et la crainte, bénéfice zéro, une catastrophe.

 

Donc je ne comprends pas cette manie qu'ont les gens de vouloir que je contraigne mon fils. Des gamins contraints, j'en ai vus. Ni plus heureux, ni mieux éduqués, ni plus calmes que les autres. Chez qui bien souvent, à la crainte a succédé le défi, l'insolence.

 

Je n'ai pas vécu dans la contrainte. Je vais bien, mon enfance a été très heureuse, merci, sorti de quelques épisodes totalement indépendants de la volonté parentale. Mes parents ne nous ont pas éduqués à la contrainte. Et je vais bien, merci.

 

Pourquoi j'éduquerais mon fils dans la contrainte, quand j'ai eu sous les yeux tant d'exemples des dégâts que la contrainte précoce peut provoquer ?

 

Il n'y a aucun bénéfice, aucun intérêt, à éduquer un enfant dans la contrainte. À plus forte raison, un bébé. Quel est le but secret de cette croyance très répandue ? Fabriquer des adultes névrosés ? Des parents qui ne sauront répondre aux demandes, somme toute légitimes et normales, de leurs enfants que par la négative ? Ou bien formater les gens, dès le berceau, à craindre et obéir ce qu'ils perçoivent comme plus grand qu'eux sans réfléchir ni s'affirmer en tant qu'être humain à part entière ?

 

On pourrait s'interroger des heures, des jours, des mois là dessus.

 

Moi j'ai fini de me poser des questions, j'ai fait le tour. Je ne contraindrai pas mon fils. Je suis convaincue que l'amour, les limites claires, les explications, la présence, sont suffisantes.

Publié dans Vie de famille

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