Ta venue au monde

Publié le par Maman Libre

Lundi  4 avril, 21h35

 

Après bientôt 9 mois à attendre ton arrivée, un col court qui nous a fait un peu flipper car tu aurais pu arriver en avance, 5 mois et demi de vomissements et nausées, 2 mois allongée, rétention d'eau, fatigue, bouffées de chaleur... Et la sensation que dans mon ventre ce n'est pas mon bébé qui grandit mais un vrai petit alien :lol: je commence enfin à avoir de vraies contractions, douloureuses, qui se rapprochent de plus en plus au fur et à mesure des minutes.

 

De l'avis d'une immense majorité de mamans, c'est le signe que tu vas arriver. J'appelle la maternité, mais la sage femme n'est pas super aimable, pour ne pas dire une porte de prison, et estime que toutes les 7 minutes, même si ça fait un moment que je contracte, que ça remonte les reins, c'est pas assez, je dois encore attendre. Ok. Comme madame la pas aimable a dit, j'attends qu'on passe à toutes les 5 minutes, mais merci bien je souffre. Je prends deux fois deux spasfon en 1h, rien ne s'arrange. Finalement on passe à toutes les 3 minutes d'un seul coup et pendant un bon moment, alors ton papa et moi, on charge nos valises, puis on file direction la maternité.

 

Une fois arrivés, vers minuit, on m'installe pour un monitoring. Et comme par miracle les contractions disparaissent, examen du col, toujours court, ouvert à 1, la sf me dit "c'est un faux travail". Elle non plus pas aimable, comme sa collègue au téléphone. Elle me renvoie avec un suppositoire de salbutamol, et un cachet d'atarax pour me faire dormir et stopper les contractions.

 

Je rentre, sur le chemin, on prend du chinois au distributeur pour grignoter un peu car j'ai faim. Je me sens nauséeuse, à cause de l'atarax, et j'ai des vertiges. Les contractions ne sont plus là, donc je mange, et j'essaie de dormir un peu. Environ 1h après je suis réveillée par une douleur horrible dans les reins, comme si on m'ouvrait et qu'on m'arrachait les entrailles à la main. Il est alors 3h du matin. La douleur disparait, puis revient 4 minutes après pire que la fois d'avant... Et ainsi de suite pendant plus de 2h. Je sais que ce coup ci tu arrives, d'ailleurs je dis à ton papa que la sf s'est plantée que j'étais bien en travail et que j'aurais du rester à la maternité contrairement à l'avis de la sf, que le salbutamol doit avoir intensifié la douleur (ce qu'une sf m'avait dit qu'il était possible quand la semaine précédente j'ai eu un vrai faux travail "si c'est vraiment le travail, ça vous déclenchera les contractions de plus belle")... Bref j'ai les nerfs mais bon, pas grave. Je prends deux spasfon, puis encore deux, je vais prendre un bain pour me calmer et 10 minutes après, je me retrouve à 4 pattes dans la baignoire en train de vomir tripes et boyaux, façon exorciste :D

 

Je décide tout de même d'attendre un peu histoire de ne pas partir pour rien à la maternité. Vers 6h du matin après une douche je décide qu'il est temps, contractions toutes les 2 minutes, donc on y va.

 

6h30 le temps que je me prépare entre deux contractions, nous voilà à la maternité. Mais à peine arrivés sur le parking, à peine sortie de la voiture, je me remets à vomir sous l'effet de la violence des contractions, je n'arrive pas à marcher. Une sf qui vient de prendre sa pause rentre en urgence me chercher une chaise roulante, m'y installe et me passe ses mains fraîches sur la nuque et les joues, ce qui me fait un bien fou, le temps de m'amener à ses collègues.

 

À nouveau on m'installe pour un monito, les contractions semblent faibles et irrégulières sur le graphe pourtant je souffre de plus en plus... La sf estime tout de même que le travail a commencé, car col ouvert à 2. Après le monito, je n'arrive à tenir les contractions que debout et en gémissant, au bord de l'évanouissement à chaque fois. Re monito vers 8h, contractions un peu plus fortes sur le graphe, de pire en pire est la douleur, surtout allongée, je vomis à nouveau. Après le monito, je me relève, et vais me cacher aux toilettes, car la douleur est insupportable, et je ne veux pas stresser ton papa. J'entends l'obstétricien qui nous a suivis tous les deux arriver dans la salle de monito, et parler à ton papa, il vient de finir sa garde, il semble regretter de ne pas être là pour nous aider à te mettre au monde.

 

Peu après sa visite, je ressors, la fraicheur dans les toilettes m'a fait un peu de bien. Une autre femme arrive avec des contractions peu ressenties, toutes les 15 minutes, sauf qu'elle, elle a perdu les eaux. Moi pas encore. Elle semble paisible, et son compagnon fatigué. Pour ne pas la stresser, je me planque un max aux toilettes pour gérer mes contractions comme je peux, j'essaie de ne pas faire de bruit.

 

9h30, je n'en peux absolument plus, je ne veux pas attendre le prochain monito, je dis à ton papa d'aller chercher quelqu'un, je veux la péridurale. (Du moins c'est ce que je crois vouloir. Plus tard je comprendrai que ce que j'attendais c'est quelqu'un de compétent pour me soutenir). Je n'en voulais pas au départ, mais là, c'est trop, sinon je ne vais pas réussir à tenir jusqu'à ta venue, et vu la lenteur de la dilatation du col, c'est pas pour tout de suite, et je n'en peux plus du tout de douleur. La sf revient, elle m'examine, ouvert entre 2.5 et 3, elle demande à ce qu'on me prépare une salle d'accouchement et appelle l'anesthésiste. 10h on me descend en salle d'accouchement et 15 minutes plus tard, un adorable anesthésiste arrive, il plaisante pour me détendre, ainsi que la sf qui va me suivre tout au long de ton arrivée. 10h17 la péri est posée, ainsi que la perf de glucose, et 10 minutes après, je n'ai plus mal, je me sens mieux, la bonne humeur et la détente sont enfin de retour !

 

À partir de là, avec ton papa on parle, on rigole, on fait des pronostics sur ton heure d'arrivée, j'aimerais que tu sois là vite, mais visiblement mon col est super fainéant. 11h30, 3.5 de dilatation, c'est long, trop long. La sf dit à ton papa qu'il peut aller manger tranquillement s'il a envie, il me dit qu'il va rester, et moi je lui dis d'aller manger et dormir une petite heure, car il n'a pas dormi depuis 22h30, et même avant ça la veille. Donc il y va. Vers midi je suis à 4 et la sf me propose de percer la poche des eaux, de toute façon avec la péri, elle ne me sert à rien et ça aidera peut être le travail à avancer un peu plus vite, alors je dis oui. En deux minutes, et en douceur c'est réglé. Le liquide est clair, c'est très bon signe, ça veut dire que tu vas bien, et le monito en dit autant.

 

Vers  14h30 ton papa revient, ouf je m'ennuyais un peu sans lui. La gynéco de garde passe, elle examine je suis à 5.5, pour elle tu seras là en toute fin d'après midi, vers 18h/18h30. La sf passe une heure plus tard, mais le col n'a pas bougé, elle me propose alors une gymnastique qui va nous aider, je dois donc me mettre sur le côté, une jambe en l'air soutenue par l'étrier. Grâce à cet "exercice", les cm défilent enfin un peu plus vite. Vers 18h, la gynéco revient, dilatation complète, tu vas enfin bientôt arriver, mais les contractions faiblissent un peu trop, on me propose l'ocytocine pour les tonifier un peu. Pour moi c'est ok, je ne sens pas la douleur de toute façon, mais très bien les contractions. 40 minutes plus tard, la gynéco est de retour, je vais pouvoir pousser et te mettre au monde.

 

On commence, et de l'avis général je pousse très bien, je sens bien les contractions j'arrive à pousser 2 à 3 fois sur chaque, on voit le haut de ta tête, tu as des cheveux mon bébé. Mais le temps passe, et bien que je n'arrête pas de pousser, tu n'avances pas dans le bassin. Au bout d'une heure, tu n'es toujours pas là. On continue un peu, mais au cas où la gynéco demande qu'on amène le chariot des forceps. 30 minutes de plus, toujours rien, pourtant, je pousse, je pousse à m'en faire presque péter les dents, à tel point que je me fais une petite déchirure, puis un œdème pubien qui arrive d'un coup à force de poussées. La gynéco me dit alors qu'on va utiliser les forceps, et moi je ne veux pas, je sais que ça ne marchera pas, je n'arrête pas de lui dire depuis plus d'une heure que tu es bloqué au bassin que ta tête ne passe pas, mais elle ne veut rien entendre et me soutient que c'est ton nez qui te bloque... Et je sais bien que non.  Déjà savoir qu'on va utiliser cet instrument digne d'un film d'horreur et qui peut être très dangereux,  ça me terrifie, mais quand on fait sortir ton papa, je me liquéfie, je fonds en larmes, j'abandonne. Déjà 3 fois que je dis qu'il nous faut la césarienne mais elle ne veut rien savoir. Elle commence à préparer ses instruments, mais moi, je commence à ravoir des sensations dans les jambes, la péri est vide, même la seringue de complément qui avait été mise en fin d'après midi.

 

Il est 20h et l'anesthésiste du matin est au vestiaire en train de partir, donc une autre prend sa place. Enfin si on veut, elle me regarde souffrir penchée au dessus de moi pendant près de 15 minutes, l'air blasée, pour finir par déclarer "moi je lui fais rien du tout, débrouillez vous, j'ai fini ma garde, je m'en fous". Sympa, connasse va ! Elle se tire et celui du matin accepte très gentiment de revenir, alors que lui ça fait une heure qu'il a terminé. Il remet la péri en place, et à 20h20 on tente les forceps, mais je sens tout. Il double, triple, quadruple la dose, finit par changer de médicament et 7 autres tentatives sont faites pendant ce temps. J'ai beau être super shootée, rien à faire je sens tout, c'est hyper douloureux. La gynéco me regarde comme si j'étais une comédienne, que j'inventais la douleur, elle regarde l'heure régulièrement et soupire. Et oui à 20h elle a elle aussi fini sa garde hein. Et je la sens impatiente d'en finir, voilà pourquoi elle insiste tant sur les forceps.

 

20h45, j'abandonne, je demande à être endormie à plusieurs reprises, la gynéco fait mine de rien jusqu'à ce que je finisse par hurler qu'il FAUT m'endormir. Je suis à bout de forces, ça fait presque 24h que je ne dors pas, et plus de 2h que je pousse comme une malade en vain. Puis ton papa n'est pas là et c'est juste trop dur pour moi qui suis terrifiée. On intime à la sf qui me suit de partir car elle a fini sa garde, et là je perds avec elle ma dernière présence rassurante.

 

On m'emmène au bloc, on m'endort, ça va très vite. Je me réveille, on te pose dans ta serviette sur ma poitrine, juste deux minutes, le temps de t'embrasser, mais surtout qu'on me recouse derrière le champ. Je pleure, je comprends qu'il a du se passer quelque chose, car au départ on partait pour forceps sous AG. Puis on t'emmène loin de moi, et je pleure encore. La gynéco sort de derrière le champ et vient brièvement me voir. Elle me dit "il n'aurait pas passé le bassin, trop étroit, vous n'auriez pas pu passer plus de 2.6 ou 2.8kgs grand maximum". Moi je la fixe, dégoûtée, à ce moment si j'avais eu la force, je crois bien que je lui aurais craché au visage, parce que à plusieurs reprises, je lui avais dit que tu ne passais pas, j'avais demandé, supplié pour une césa. Il aura fallu qu'après la énième tentative de forceps inutile, ton petit cœur lâche doucement et que le mien s'emballe au point de risquer une crise cardiaque pour qu'elle comprenne quelle erreur elle faisait. Alors je l'ai regardée bien droit dans les yeux, et j'ai dit "vous voyez c'est bien ce que je vous disais, il passait pas".

 

On m'a ensuite emmenée en salle de réveil et j'ai du attendre plus d'une heure toute seule, angoissée, qu'on vous emmène, ton papa et toi, me voir, que je puisse enfin te serrer contre moi. Et enfin le dernier de mes souhaits, certes mais le plus important, n'a même pas été respecté. Pourtant c'était dans mon projet de naissance, cette tétée de bienvenue. Mais on nous a laissés tous les trois seuls, personne n'est venu m'aider à te mettre au sein. Puis on nous a ramenés dans notre chambre, et nous avons pu profiter l'un de l'autre, malgré la perfusion, et la sonde, tu as dormi tout contre moi, bien qu'on m'ait proposé de t'emmener en nursery. Et ça j'ai catégoriquement refusé, on nous avait bien assez séparés, et on avait besoin de se retrouver, je n'avais ni envie, ni besoin de repos, juste de te tenir dans mes bras, contre mon coeur, et de te regarder dormir.

 

Tu es venu au monde le mardi 5 avril, à 21h33, tu n'as même pas pleuré, tu as été dès le départ un vrai petit ange, calme et tranquille, malgré la brutalité de ton arrivée à nos côtés, autant pour toi que pour moi mon bébé.

 

Je t'aime.

Publié dans Maternité

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