Homme sweet home...

Pour ceux et celles qui fréquentent la blogosphère et les pages consacrées à la parentalité sur les réseaux sociaux, il y a un sujet qui émerge fortement ces derniers temps.

Non, je ne vais pas vous parler de l'éternel débat stérile allaitement/biberon, cododo/pas cododo et j'en passe.

Aujourd'hui, il me semble important de parler de la gronde qui gagne parmi les PAF, ou Pères Au Foyer.

Notre société bien pensante a pour norme : papa au boulot, maman avec les marmots.

Quand on parle des pères, quand parlent certains pères (comme par hasard ceux là sont les plus interrogés), quand on interroge les mères (les plus "in the norme", cela va de soi), c'est un fait établi, dans la bouche de ces gens, dans la tronche molle des journaleux : père au foyer=peu viril, peu compétent, fainéant.

"Et là, d'un coup, ces mères au foyer dont tout le monde convenait (société, journaleux, voisins, familles) qu'elles étaient simplement en vacances prolongées, et par conséquent n'en foutaient pas une, sont transformées en Wonderwoman, toutes. Et que dire si EN PLUS elles travaillent ! Là ce sont carrément des héroïnes, portant à bout de bras la maisonnée et gagnant le pain, pendant que monsieur... sirote des bières et emmène les gosses au fast food."

Premier paradoxe donc. De grosse feignasses, les mères deviennent super héroïnes. Comme ça en un claquement de doigt !

"Il faut dire, c'est clair, les femmes, parce qu'elles les portent, ont forcément l'instinct et la seule réelle compétence pour s'occuper des gosses. Nan, mais c'est clair. Attends, comment une bête à poils sans utérus ni mammelle pourrait avoir la moindre légitimité en la matière. En plus c'est bien connu, les mecs à part des patates ou des nouilles, ou aller au fast food, ils savent rien faire à manger."

Paradoxe numéro deux. Tout le monde s'accorde à dire que les pères doivent avoir un rôle majeur, égal aux mères, même la justice avec la fameuse garde alternée. MAIS personne ne l'accepte dans les faits, personne ne leur reconnaît compétence ni légitimité.

"Mais attends, il y a plein de reportages, d'articles sur la nouvelle place des pères ! Mais sisi !"

Paradoxe numéro trois. Oui en effet la presse émet pléthore de sujets, tant télévisés, que papier, sur les papas dans la société d'aujourd'hui. Les faisant passer pour des crétins patentés, des homosexuels refoulés (là je parle du schéma absolument "traditionnel" de famille, au sens où l'entendent les bien pensants de notre société, donc pas la peine de s'offusquer, je suis pour le mariage et l'adoption des homos), des incompétents perdus à la minute à laquelle la femme, la matronne, tourne le dos, de gros fainéants en vacances... Et j'en passe.

"Ouais mais quand même, un mec qui s'occupe des mômes, de la bouffe, du ménage... J'aurais l'impression d'être avec une femme, j'aurais plus de désir. Mais je suis pour le partage des tâches hein !"

Paradoxe numéro quatre. Nombreuses sont les femmes tellement engoncées dans leur moule et leur monde de stéréotypes, qu'elles ont peur de vivre avec un mec qui soit aussi compétent qu'elles dans ces domaines (parentalité, gestion de la maison), de ne ressentir aucun désir pour lui (le sexe c'est tout, c'est bien connu, dans une relation). MAIS, ne veulent pas d'un gros macho qui n'en fout pas une. Non, il faut que monsieur fasse sa part. Quitte à repasser derrière parce qu'on s'estime meilleure en la matière ou tout critiquer.

Et je pourrais continuer comme ça longtemps.

Mais dans la réalité, la vraie, les choses changent, énormément, et bien plus vite que les mentalités. La parentalité, la vraie, change. Et il faut se battre pour que cette évolution soit connue ET reconnue. L'égalité des sexes ce n'est pas seulement dans le travail, le cercle social, qu'il faut se battre pour. La parentalité doit être un terrain d'égalité. Quand il y a deux parents, ils se doivent d'être complémentaires et d'accepter que chacun ait une façon de faire les choses, s'épauler, se conseiller sans se critiquer, apprécier les efforts de l'autre dans les domaines qui sont habituellement hors de son habitude.

Il faut sortir des stéréotypes. Un père, une mère, deux pères, deux mères, juste un parent, ou plus de deux. Quelle est l'importance réelle du schéma, quand on se respecte, et que les enfants et la maison vont bien, que chacun s'épanouit et vit un plein équilibre.

Sortir de cette croyance que les papas au foyer ne sont pas sexy, pas virils, pas compétents. C'est tellement faux.

Pour ma part, je suis l'heureuse compagne d'un homme qui est un papa merveilleux, un bien meilleur parent que moi, doté de bien plus de patience, de calme, et d'un nez moins sensible à l'odeur des couches pourries de notre Lutin de un an. Et pas seulement, il adore aussi jouer des heures avec lui, le baigner, et tout un tas de choses, que je sais faire, oui, mais avec moins d'entrain et d'endurance. Mais j'assume, à fond, et je profite un max de mon fils, différemment, c'est tout. Il est également meilleur au ménage. Et de mon côté je suis meilleure en budget, en cuisine (surtout en pâtisserie), en sociabilité. Bref nous avons tous deux des domaines favoris. Mais à aucun moment il ne nous vient à l'idée de critiquer l'autre quand il marche sur "nos" plates bandes, enfin nos domaines de prédilections.

Et il reste un homme bien viril à mes yeux, ça c'est certain, bébé deux en route en est la preuve. Il a ses sorties entre mecs, ses soirées entre mecs chez nous, ses petites préférences en matière de cinéma et autres, que je partage, ou non, et idem pour moi. Et j'aime aussi la bière, la junk food, autant que les jus de fruits et la nourriture saine.

Donc oui, absolument et un million de fois oui, les pères sont aussi compétents, voire plus que leurs compagnes en matière de parentalité, de maison, ou pas. L'important c'est que chacun s'entende avec l'autre, se respecte et loue ses qualités.

Vivent les papas, vive la complémentarité, vive l'égalité :)